“Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants,
Lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles,
Lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter,
Lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus, au-dessus d’eux, l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là, en toute beauté, et en toute jeunesse, Le début de la tyrannie.” Platon, 429-347 avant J.C.
Répondre aux aspirations de la jeunesse (texte en pdf avec les références)
« La jeunesse » : un état des lieux
La jeunesse de chaque génération et de chaque époque c’est aussi notre jeunesse à nous, et chacun s’y retrouve ; quelle que soit l’image que nous avons de nos jeunes, positive, négative, inquiétante, merveilleuse, n’oublions pas que c’est « le miroir », le reflet, de nous-mêmes, ce sont nos enfants et nous, nous en sommes quelque part les géniteurs, les responsables.
Même si la jeunesse européenne se réduit continuellement (les jeunes de moins de 25 ans représentent aujourd’hui 32% de la population totale européenne) – alors que dans nombre de pays qui côtoient l’Europe elle représente près des deux tiers de la population – cette jeunesse est le maillon qui nous lie dans le temps, qui nous relie avec le passé et qui prépare l’avenir. Sans elle point de régénération, sans elle point de mémoire future, sans elle point de repères.
Si les guerres ont fait vieillir l’Europe, c’est toujours aux jeunes générations que l’on confie le soin de cette régénération. Cette idée de régénération on peut la retrouver dans le fait que la jeunesse est une ressource, ou plutôt la seule ressource saine, de renouvellement et de continuité de l’existence, la seule preuve tangible de notre pérennité humaine.
Si « la jeunesse n’est qu’un mot », pourtant, c’est un mot bien utile ; car l’exercice qui consiste à scruter les moindres espoirs et soupirs d’une jeunesse indéfinissable ne cesse de passionner et d’échauffer les esprits. Que pense-t-elle ? Que craint-elle ? Qui est-elle ? Dès qu’il est question de jeunesse, deux camps se présentent : d’un côté, celui de la «jeunesse victime de la société», dont on déplorera, la précarisation, l’exclusion, la maltraitance, le manque de reconnaissance, etc. ; et d’un autre côté, le camp de la «société victime de la jeunesse», où l’on dénoncera la montée de l’insécurité, de l’incivilité, de l’irresponsabilité. Ce débat est vain, car comment définir autrement la jeunesse que, précisément, comme un «passage à l’âge adulte » ou comme une «adolescence» au sens étymologique (adulesco : «je grandis »). Là où, pourtant, la querelle touche juste, c’est sur le constat implacable d’un allongement considérable de la durée de ce passage dans nos sociétés contemporaines. Sous l’effet de l’augmentation de l’espérance de vie, mais aussi d’un bouleversement plus général des âges, on quitte, de nos jours, l’enfance de plus en plus tôt pour entrer dans l’âge adulte de plus en plus tard. Pour les statisticiens 2 , c’est désormais l’âge de 30 ans qui fait office de seuil de maturité.Après quoi, le comportement quotidien, économique et même électoral change du tout au tout.
L’espoir est une caractéristique majeure de la franc-maçonnerie
Qui s’inquiète vraiment pour la jeunesse ? Qu’a-t-on à proposer face aux exigences d’une vie pénible et difficilement lisible dans l’environnement de crise économique, sociale et politique qui ébranle nos sociétés européennes ». Notre questionnement est grave et sérieux. Si la société est profondément malade, nous en sommes tous responsables ; c’est exactement à ce point-là que commence le travail maçonnique. Le pessimisme et l’introspection stériles ne servent à rien.
Le mouvement maçonnique et a-dogmatique que nous représentons n’est pas là pour faire seulement le procès du système économique actuel. De nombreux scientifiques, économistes, analystes, penseurs et artistes le feront mieux que nous, par contre, par nos travaux, par notre attachement aux valeurs humanistes, nous voulons apporter notre contribution sur l’avenir de l’Europe qui détermine la situation même de la jeunesse, de demain et d’aujourd’hui. En quoi croyons-nous, hors l’économique, pour donner aux jeunes la force de grandir et d’entreprendre ? » La Franc-maçonnerie travaille à former des jeunes hommes et jeunes femmes responsables, autonomes, dotés d’un sens critique, capable d’argumenter, en capacité de favoriser la cohésion sociale. Cela ressemble à un programme « éducatif ». En fait, il s’agit bien là d’un programme politique au sens originel et plein du terme : celui de vouloir former des citoyens capables de respecter les autres dans leurs différences. C’est bien l’objet même de la Francmaçonnerie qui travaille sans relâche à l’émancipation morale, spirituelle et matérielle des hommes et des femmes. On a traversé une longue période de croissance économique (au moins largement considérée comme telle, bien qu’aujourd’hui nous ayons compris qu’il faut peut-être mesurer autrement la croissance) qui allait de pair avec une période de spéculation, de profit « avéré », de cupidité humaine. Et nous voilà maintenant, depuis plus de deux ans, en pleine crise financière, économique et morale ! Nous, francs-maçons et citoyens éveillés, nous savons que tout dépend du fait que l’homme est considéré comme un moyen et non comme une fin !
De nos jours, l’Europe de la citoyenneté et des droits sociaux, comme le monde entier, se révèlent être principalement un espace de libre échange de tout et de rien ! La crise laisse place une nouvelle fois au doute, à l’émergence de populismes, d’extrémismes et de xénophobies ! Et dans cette réalité affligeante les jeunes se trouvent les plus touchés par le chômage, l’isolement, l’insatisfaction et l’instabilité qui nourrissent la peur de l’avenir, la peur de l’autre ; ils sont également angoissés et se croient incapables de faire bouger la société. Alors, notre rôle est de leur donner de l’espoir ; la franc-maçonnerie a toujours été l’espoir, et de l’autre côté il faut faire des choses simples pour susciter leur intérêt et favoriser le dialogue, couvrir leurs besoins, utiliser l’art comme un moyen et être un lieu convivial de rencontre et de libres échanges, surtout les informer et leur démontrer de façon tangible « la valeur » de nos valeurs. Notre but est de les rassurer, leur présenter notre message positif et notre ardeur à nous battre continuellement ; on peut également favoriser la consolidation du sentiment d’identité et de citoyenneté, d’une cohésion sociale recherchée. Luttons avec eux contre un conformisme de mauvais augure dans un monde globalisé où la capacité d’adaptation, l’aptitude à l’innovation, et l’esprit d’initiative sont les clés de la survie. Il faut créer les circonstances nécessaires afin que les jeunes s’identifient mieux dans notre société contemporaine car ils dénoncent le fait qu’ils ont du mal à s’y reconnaître. Trois domaines se dégagent sur ce que les jeunes espèrent : l’emploi et la formation, l’égalité des chances et la refondation d’un projet de société.
Une « génération perdue » ou une variable d’ajustement ?
Les événements populaires de Tunisie, avec le rôle primordial joué par la jeunesse, et les suites enregistrées en Egypte et en Algérie notamment – qui surviennent après des revendications exprimées en Iran et en Turquie – montrent bien combien les peuples opprimés et frustrés ont soif de Liberté et de Démocratie. L’élément déclencheur étant à chaque fois l’absence de travail et de perspectives notamment pour des jeunes générations bien formées et diplômées. Poussés par leurs jeunesses qui n’en peuvent plus et qui constatent qu’elles n’ont aucun avenir, les peuples se libèrent pour écrire une nouvelle partie de leur histoire. Tous les démocrates sont heureux de voir tomber des despotes et applaudissent à la volonté d’organisation d’élections libres et de mise en place d’institutions démocratiques. Mais si la Révolution Iranienne a abouti à l’instauration d’un régime obscurantiste et théocratique, nous savons bien que la révolution de jasmin en Tunisie est également un choix proposé au monde arabe, celui de la laïcité ou celui de l’islamisme. Celui des ténèbres ou de l’universalisme, pas l’obligation d’assimiler le modèle occidental mais celle d’assimiler la dimension universelle, comme s’interrogeait le philosophe égyptien Fouad Zakarya, quand il parlait d’une « génération perdue » ? Un rapport du Bureau International du Travail (BIT) publié en 2010, montre que le taux de chômage des 15-24 ans n’a jamais été aussi élevé, touchant 78 millions de personnes dans le monde sur un total de 205 millions tous âges confondus ; il est de 21 % en Europe. Le BIT souligne, qu’après la génération sacrifiée après la première guerre mondiale, aujourd’hui la crise risque de créer une «génération perdue ».
Peu de croissance, un chômage fort, des salaires très bas, et peu de cohésion sociale pour nos jeunes générations, c’est bien la preuve que notre société va mal. Les prévisions de croissance ne sont pas bonnes, par exemple en Espagne en 2011 le Fonds Monétaire International (FMI) annonce + 0.6 % et il faut au moins 1.5 % de croissance pour générer de nouveaux emplois. Si un léger rebond au deuxième semestre 2011 semble attendu, tous s’accordent à penser que cela sera toutefois nettement insuffisant pour que le chômage des jeunes diminue ; il est encore de plus de 40 % pour les moins de 25 ans en Espagne, ce qui mérite bien le qualificatif de «génération sacrifiée » 3 , bien que – comme l’explique Dorothea Schmidt, spécialiste de l’Organisation International du Travail (OIT) pour l’Afrique du Nord, basée au Caire – « c’est la génération la plus éduquée que l’on ait jamais eue », « mais qu’ils aient fait des études artistiques ou d’ingénieur, ils ne trouvent pas de travail. L’absence d’écoute à leur égard est dangereuse ». D’ailleurs cette génération est utilisée comme une « variable d’ajustement » par le biais de stages, périodes d’essai… qui ne sont que les expressions d’un travail quasi gratuit qui ne s’inscrit plus dans le droit du travail. Cette situation génère une nouvelle pauvreté avec pour corollaire, faute de moyens, un état de santé précaire pouvant entraîner un problème de santé publique.
La jeunesse est la première victime de la situation économique.
Première victime de la situation économique, la jeunesse se sent trahie par le double fait qu’ayant atteint un niveau d’études et de formation bien supérieur à ses aînés et ayant répondu favorablement à l’engagement de faire de longues études, le marché du travail actuel ne reconnaît plus cette excellence en lui proposant des emplois sous-évalués et sous-payés par rapport à leur niveau de connaissances. Cette situation reflète un paradoxe où le savoir qui représente un coût pour la société et qui fut présenté comme le seul moyen de réussir sa vie, n’est plus un atout pour la bonne intégration sociale. C’est toute la jeunesse des pays dits riches qui subit une violente dégradation de ses perspectives. En témoigne la synthèse des 16 études sur les politiques de la jeunesse menées par l’OCDE4 : non seulement le taux de chômage avoisine les 20 % en moyenne, mais avertit l’organisation, « il devrait rester élevé bien après le début de la reprise économique ». Mais peut-on parler raisonnablement de « génération sacrifiée » ? Il semble que les jeunes ont plutôt de grandes difficultés à entrer dans la vie adulte et à s’insérer socialement. La génération sacrifiée signifie que les jeunes entrent dans la société avec un handicap qui va les accompagner toute leur vie. Il y a plutôt un problème de classe d’âge, une crise latente d’intégration de la jeunesse, qui se joue sur deux terrains essentiels : l’école et le marché du travail. Le système éducatif européen est pensé avec l’obsession de la sélection des élites. L’idée est d’écrémer pour garder les meilleurs. Les autres sont éjectés vers des filières au rabais. On élimine et on génère une peur de l’élimination chez les jeunes. Le système ne parvient pas à construire l’estime de soi chez les jeunes, la clé de la réussite. En plus, cette sélection se fait sur une base très académique, avec un clivage croissant entre cette culture scolaire et la culture des jeunes. On assiste ainsi à une rupture entre la jeunesse et l’école, ce qui est très inquiétant.
Ban Ki Moon, le Secrétaire général des Nations Unies, déclarait dans l’un de ses discours, qu’il faut «redoubler d’efforts pour faire plus participer les jeunes, pour un monde meilleur». D’autre part, Klaus Schwab, professeur d’économie suisse, Président fondateur en 1971 du Word Economic Forum, a déclaré à Davos fin janvier 2011 que « la crise financière qui s’est transformée en crise économique puis en crise sociale, risque aujourd’hui de tourner à la guerre des générations »5 . Pour éliminer ce risque cela suppose plus d’écoute, plus d’implication, plus d’accompagnement afin que les jeunes n’aient plus l’impression d’avoir été abandonnés. Une réflexion doit être engagée sur la place actuelle et à venir de la jeunesse dans une société vieillissante. Qu’est-ce qu’être jeune aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’être jeune dans une Europe et dans un monde où les équilibres générationnels évoluent fortement ? La réflexion peut aller encore plus loin… «La jeunesse et le changement de repères», «La jeunesse et la révolution numérique» et «La jeunesse et la participation politique», témoignent de la place centrale qu’accordent à cette jeunesse aujourd’hui, les politiques, les économistes, et les technocrates, pour ne citer que ces quelques « responsables » des générations futures.
« Les réseaux sociaux » : une jeunesse sur la voie de la liberté et de l’intégration sociale
Et si on se posait la question de savoir comment nous percevons le rôle des réseaux sociaux sur Internet, pleinement utilisés par la jeunesse ? Une autre scène de débat public, celle du Web, capte la curiosité des jeunes. Nous l’avons vu, ils sont plongés dans cette socialisation originale qui use de toutes les ressources des outils de communication. Ainsi la nouvelle génération attend davantage, pour faire bouger les choses : non sur un plan strictement politique partisan, auquel elle ne croit guère, mais sur un plan culturel et social. D’abord le Web 2.0 est le chantre de valeurs qui parlent à la jeunesse. Ce système de pensée issu du courant hacker, cocktail de la contre-culture californienne des années 1960 et de l’imaginaire des promoteurs du logiciel libre, encense la liberté d’expression, l’idéal égalitaire, l’échange désintéressé, la création collective. Le monde de la création artistique ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Une des fonctions de l’art est de justement traduire les mouvements de fond, souvent imperceptibles, de la société. L’histoire des civilisations est riche de ces démonstrations qui prennent une valeur plus lisible après coup. C’est donc un domaine à ne pas négliger. De nombreux films, pièces de théâtres et livres qui, à la faveur de la crise économique, démontrent que cette dernière vient alimenter une crise plus profonde que l’on pourrait alors appeler crise de société. La jeunesse européenne dans ces conditions se trouve confrontée à une situation paradoxale. Ouverte sur le monde grâce aux technologies dérivées d’internet, mieux formée et mieux éduquée qu’aucune génération avant elle, elle a de la difficulté à s’insérer dans un univers économique mouvant, instable, hostile. Le mythe du Progrès permanent conduisant à une société plus juste, plus ouverte, plus heureuse, est largement ébranlé. Cette jeunesse n’est plus donc portée à défendre la société qui l’a élevée et qui n’est pas à même de lui donner les moyens de s’accomplir. Mais elle n’a pas perdu les idéaux qui lui ont été inculqués même si elle est sans illusion sur leur proche réalisation.
Par ailleurs, Internet propose des outils de débats qui permettent d’attirer un public qui se méfie de l’embrigadement idéologique propre aux partis politiques ; c’est un marqueur culturel très fort de notre époque. C’est dans cet espace bouillonnant, non médiatisé par les institutions et les grands médias, que se forge une autre conception du rapport à la res publica. On peut d’ailleurs noter que dans la toute récente révolution tunisienne, comme pour les émeutes au Caire, le rôle joué par internet et les réseaux sociaux fut un catalyseur très important et une source primordiale de circulation de l’information. Cela renvoie à un trait très fort de la culture adolescente actuelle : la valorisation d’être ensemble et du partage collectif des émotions. Il y a ici un paradoxe. On assiste à un repli identitaire de la jeunesse, avec une culture un peu à part du reste de la société et la volonté de rester entre pairs. Mais avec ce mouvement, elle réintègre la société, elle fait passer des messages d’intérêt collectif, elle s’organise en groupes de pression (ex. Robinhood tax, ou taxe Tobin, contre la politique adoptée par le gouvernement, par exemple en Grèce, abstention de vote aux élections préfectorales et municipales, le mouvement des jeunes « indignés » en Europe, etc…), elle change en fait la société, elle réagit !
2011 – L’Année Européenne du Volontariat
Chaque année, des millions de personnes de toute l’Union européenne offrent leur aide pour améliorer la vie de leur communauté. En reconnaissance de leurs efforts, la Commission européenne a choisi 2011 pour célébrer l’année européenne du volontariat. Les jeunes sont bénévoles souvent dans leur envie d’agir. Le volontariat ne bénéficie pas seulement à la société, il apporte aussi plus de sens à la vie des volontaires. Il leur permet d’acquérir des compétences qui complètent leur éducation et qu’ils pourront utiliser dans leurs emplois futurs. Dans le contexte économique actuel marqué par la crise, le soutien que le volontariat apporte aux personnes sans emploi, en leur permettant de mettre à jour et d’améliorer leurs compétences, est très important. Pourtant, nous considérons que le volontariat ne doit pas être un substitut du travail afin de compenser un manque, mais il doit s’inscrire dans le cadre d’une formation valorisante. Il ne doit pas être un palliatif à une absence de main d’œuvre ou un mode d’exécution de taches annexes. Il doit enfin être rémunéré de façon correcte et digne. Le politique doit légiférer pour en fixer les buts et le cadre afin d’éviter des abus d’exploitation par les entreprises. Il faut donner aux jeunes l’envie d’être des citoyens conscients de leurs droits comme de leurs devoirs. Les politiques en particuliers doivent agir en responsables en étant valeur d’exemple.
Notre contribution au renforcement du rôle de la Stratégie Européenne 2010 – 2018
En avril 2009, la Commission a présenté une communication intitulée « Une Stratégie pour la jeunesse » : il s’agit d’une nouvelle méthode de coordination avec laquelle il faut s’adresser aux jeunes afin de créer plus des challenges et plus d’opportunités. Cette nouvelle stratégie invite en même temps les Etats membres et également la Commission, pour la période de 2010 à 2018, à renforcer les mesures qui permettent de mieux adapter les politiques qui concernent la jeunesse au niveau Européen, notamment l’emploi et la jeunesse, et un dialogue régulier et permanent avec la jeunesse. Ce dialogue structuré concernant la jeunesse est organisé au niveau de l’Union en cycle de 18 mois. Les trois Etats membres de l’Union Européenne qui détiennent les Présidences de l’Union durant cette période ont déjà été obligés de mettre des priorités sur ce sujet et trois conférences ont été organisées, en Espagne (premier semestre 2010) sur l’Inclusion Sociale, en Belgique (au 2ème semestre 2010) sur le travail et la jeunesse (un jeune sur cinq vit sous le seuil de pauvreté) et en Hongrie (premier semestre 2011) sur la Participation citoyenneté active. Nous, citoyens et francs-maçons, avons notre part de responsabilité ; nos réflexions doivent conduire à des prises de position et à des actions. Nous ne pouvons pas accepter de constater que, quand une petite partie de nos sociétés s’enrichit de plus en plus, une grande partie – dont toute notre jeunesse – s’appauvrit sans espoir de retour à meilleure fortune.
Dans ce cadre les objectifs de notre action et nos préoccupations citoyennes sont :
• favoriser une meilleure participation des jeunes et des organisations de jeunesse dans les processus décisionnels, en faire des partenaires reconnus des institutions internationales et promouvoir le tissu d’organisations de jeunes représentatives et reconnues.
• susciter l’envie à toutes les générations de réapprendre à vivre ensemble pour se reconnaître en tant que partenaires de vie en s’ouvrant à la pluralité.
• améliorer la compréhension interculturelle, la démocratie, le respect, la diversité, les droits humains, la citoyenneté active et la solidarité pour préserver notamment la cohésion et la paix sociale.
• mettre en pratique l’égalité des droits et des chances pour les jeunes partout en Europe.
• contribuer à la formation du citoyen, pour son émancipation individuelle (liberté d’être et de penser) au sein de la société. • favoriser l’apprentissage et la recherche d’emploi, mettre en place une rémunération qui permet de vivre dignement.
• réguler la montée du système économique qui soumet la jeunesse aux puissances financières. • lancer un programme de grands travaux, coordonnés à l’échelle européenne, générateur d’emplois (par l’aménagement de l’espace géographique européen, la valorisation des richesses, la protection de l’environnement etc.).
• faciliter l’accès des jeunes au logement.
• bâtir une « Charte de parrainage » : cela veut dire que chaque élu politique, et à tout niveau administratif ou autre, soit investi, en même temps que de sa charge, d’une obligation citoyenne de parrainer un jeune dans l’accompagnement de son parcours d’apprentissage et ensuite de son insertion dans la vie active. • créer un fonds alimenté par une taxe sur les mouvements de capitaux.
Pour nous, tout cela a un but : redonner à la jeunesse de l’espérance, l’envie de créer, le goût d’agir ensemble et en commun ; ainsi le futur devient-il directement l’horizon d’une responsabilité commune et intergénérationnelle.
Une profonde réforme de la société s’impose
Quand l’injustice sociale est telle, c’est que le moment du changement de société est largement arrivé ; et l’Histoire nous a enseigné que ce sont à ces moments que les grandes révolutions ont été faites, révolution américaine et révolution française notamment. Une révolution est, au sens politique ou social, un mouvement politique qui doit produire un changement profond et brusque d’une société. Le terme de révolution sociale est cependant politiquement moins drastique, puisqu’il est utilisé pour caractériser des réformes perçues comme radicales, mais ne s’accompagnant pas forcément d’un affrontement politique violent. C’est parce que nous sentons bien ce ferment révolutionnaire, ou prérévolutionnaire, cette volonté de révolution sociale, de réformisme profond, dans les sociétés européennes, que nous nous mobilisons collectivement au-delà de nos seuls engagements personnels.
C’est le sens de la cohésion sociale qui guide notre action ; notre jeunesse est malmenée et trop souvent sans espoir. L’indignation d’Hessel on la trouve après le 15 mai 2011 dans les places le plus importantes des villes espagnoles, lesquelles seront occupées par des milliers de jeunes plusieurs semaines durant. Les acteurs politiques ne comprennent pas qu’est ce qui se passe. Il y a des experts qui considèrent que la nouvelle et que l’information du mouvement ont été une création des media. On pense que les récentes élections régionales et administratives sont beaucoup plus importantes que les démonstrations des jeunes indignés. Les partis politiques ou les syndicats n’ont pas compris que le « 15 mai » c’est un mouvement plus réformiste que révolutionnaire, clairement pacifique, très critique avec la présente situation et avec le conformisme d’une classe politique endormie (et, quelques fois, affairiste). La valeur du mouvement a été la surprise, la semaine avant les élections ont montré le désir de changement (matérialisé comme une option pour la droite, cette fois). « Le 15 mai » a une grande valeur comme geste d’indignation, il a d’ailleurs reçu le soutien de 90 % de la population. Beaucoup de semaines après, même avec certains moments de violence à Barcelone, le soutien du mouvement est encore de 75%. Ce mouvement a été répandu en Europe, passant par la Grèce, le Portugal, l’Irlande et l’Italie. A chaque pays le mouvement a été principalement « dirigé » par les jeunes qui s’organisent en groupes à travers notamment les facilités de l’internet. Le mouvement espagnol des “indignés” a organisé, mercredi 29 et jeudi 30 juin 2011, une assemblée populaire sur la Puerta del Sol, à Madrid, portant sur l’état de la nation et visant à créer un espace de réflexion sur les questions de citoyenneté, rapporte El Pais 6 . En Grèce des rassemblements ont également été organisés autour de la Place Syntagma (Place de la Constitution) et le Comité consultatif des citoyens indépendants a lancé une déclaration et un référendum populaire organisés le dimanche 26 juin 2011 afin de voter pour ou contre les mesures d’austérité imposés par le système socioéconomique.
La jeunesse, par son essence, représente ce que sera la société demain. Il en résulte alors, de notre part, un engagement moral à son égard et un soin que les structures politiques doivent respecter. Quand la société ne permet plus à sa jeunesse d’y occuper la place qui lui revient, cette société se trouve en danger, car sa construction et sa régénération ne sont plus assurées. L’humanité est, depuis toujours, une succession de générations par lesquelles la civilisation s’est construite. C’est avec cette conscience de transmission que l’humanité se reconnaît, perdure et évolue en vue d’un destin commun, où la notion du progrès, avec ses multiples déclinations, est le moteur de toute vie. En conclusion de ce travail, il apparaît que la « fausse » richesse qu’étale notre société de consommation ne peut cacher les graves difficultés qu’affronte la jeunesse européenne. Si nous voulons que l’avenir soit une chance à offrir aux jeunes, hommes et aux femmes de l’espace européen, il faut que les décisions que devront prendre les autorités politiques ne reposent pas sur l’idée inexacte que la richesse financière actuelle serait inépuisable, et qu’il faudrait laisser le destin du monde entre les mains des seuls économistes et financiers. Les enseignements de l’histoire révèlent que l’inactivité contrainte et l’oisiveté subie ont conduit à des catastrophes sociétales. Il convient de faire confiance aux jeunes et de favoriser l’émergence de valeurs morales, seules susceptibles de conduire à bâtir un monde où des hommes et des femmes, égaux en droits et en devoirs, en toute liberté et responsabilité, construisent leur avenir par l’activité partagée, assument une solidarité active prenant en compte la dimension intergénérationnelle, familiale, personnelle, sans a priori de modèles, et développent des démocraties où le mérite personnel sera plus applaudi que le montant du compte en banque. Ces valeurs sont notamment celles de la Franc-maçonnerie dont les principes de travail, de liberté, d’égalité, de fraternité, de solidarité, de laïcité, mais aussi d’ordre initiatique et traditionnel, sont capables d’universalité. Ne pas les mettre en œuvre, c’est condamner l’Europe au déclin, c’est interdire à la jeunesse la possibilité d’accéder un jour à ce que la Francmaçonnerie, par principe, recherche pour chacun et pour tous : le bonheur. C’est pourquoi nous pensons qu’on doit quitter l’attitude égocentrique qui caractérise notre ère, s’extérioriser, et comme premier point de notre objectif, de notre réflexion et de notre action, garantir l’avènement d’une société meilleure.