PDF : Place des jeunes dans la société-aout-2015
Vous pouvez aussi regarder la conférence en lien avec ce travail : “Jeunes : quelle place dans la société ? 17 octobre 2015
PRÉAMBULE
« La société que le Franc-Maçon du DROIT HUMAIN veut contribuer à bâtir est celle où le vivre ensemble est le vivre tous ensemble. C’est favoriser toute valorisation de l’autre considéré comme une personne autonome, reconnue libre et égale en dignité et en droit à toutes les autres.
Le Franc-Maçon du DROIT HUMAIN témoigne d’une vision volontariste, car il croit en un être humain maître de son devenir, parce que convaincu de la perfectibilité de la dimension humaine en chacun. »
Portés par cette volonté et sans aucun apriori, il nous est apparu indispensable de nous interroger sur la place qu’occupent les jeunes dans nos sociétés actuelles, avec l’objectif ambitieux, voire utopique, de constituer des sociétés libres et fraternellement organisées pour tous sur toute la terre.
La question de la place des jeunes dans nos sociétés est complexe :
— Définir la notion de jeune est difficile, tant la diversité de la jeunesse est grande au niveau de sa culture, de son environnement familial et social, de son niveau éducatif et de son autonomie.
— On constate la perte croissante des repères traditionnels, engendrée par l’évolution fulgurante des structures familiales, l’accélération du rythme et de la complexité de nos modes de vie encouragée par le développement de la communication, la mobilité géographique et professionnelle, la mondialisation, l’emprise de l’économique sur le politique, les migrations… Cette situation contribue fortement aux difficultés à transmettre des valeurs et des savoirs ainsi qu’à entretenir un lien de confiance entre les jeunes et la société.
— En Europe, la place des jeunes diffère selon les pays. Pour la France, depuis 30 ans au moins, le déficit d’investissement vers la jeunesse est criant : du manque de places dans les crèches aux classes surchargées, jusqu’aux universités vieillissantes, apprentissage délaissé, grippage de l’ascenseur social…
REGARDS DES JEUNES SUR LES ADULTES
Les adultes sont régulièrement mis en cause et le modèle qu’ils pratiquent est souvent ressenti par les jeunes comme manquant singulièrement d’éthique, de valeurs justement partagées et défendues, de repères, de solidarité durable et active… Faut-il relier cela au fait que nous vivons dans des sociétés vieillissantes, soucieuses de profit immédiat et en proie à une frilosité croissante face aux évolutions du monde ?
Ces regards divergents produisent un décalage d’appropriation. Ainsi le déficit de valeurs partagées conduit certains à des recherches désespérées : addictions diverses (alcool, drogues, jeu…), violence, embrigadement sectaire jusqu’au djihadisme… Mais d’autres souscrivent à des démarches positives : création d’entreprises, projets culturels, sport, organisation de réseaux de partages, actions citoyennes et solidaires : Economie, Sociale et Solidaire (ESS), AMAP (Associations pour le maintien d’une Agriculture paysanne), engagements humanitaires, …
Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) contribuent à un décalage entre adultes et jeunes : objet fonctionnel ou de travail pour les plus âgés, outil communicatif ou de loisir pour les jeunes. Il faut s’interroger sur le manque de vigilance et de sens éthique des médias vis-à-vis du risque du développement de l’individualisme et la mise en avant d’une société fondée sur la seule recherche de profits toujours croissants.
DES ORIENTATIONS NOUVELLES
De nouvelles architectures sociales sont expérimentées dont les principes sont la solidarité, le partage, l’amélioration de la morale de la société et des individus qui la composent. Ces constructions doivent s’adosser sur le travail en commun ou en réseau, l’économie sociale et solidaire, la valorisation des initiatives, la création d’emplois nouveaux dans les domaines de l’écologie, du médical, des techniques de pointe, de l’informatique, du social, de la culture, autant de projets qui doivent s’inscrire dans une démarche de transformations sociales au sein d’une société qu’il faut convaincre de la nécessité de l’altruisme et de l’intérêt général.
TROIS PROPOSITIONS
La transmission
« Prendre la suite plutôt que de prendre notre suite ».
Pour le vivre ensemble, il est primordial de donner une place aux jeunes dans notre espace démocratique vieillissant. Les mesures proposées sont :
— Établir une représentation des jeunes au sein de toutes les assemblées représentatives,
— Fixer des conditions d’ancienneté pour toute fonction élective, au moins exécutive, pour éviter les mandats à vie…
— Limiter le cumul et le nombre des mandats électifs.
Cette représentation renouvelée et plurielle peut apporter le sens civique et celui des valeurs à d’autres citoyens et permettre aux jeunes de trouver des repères, en leur donnant également un rôle dans l’orientation de nos politiques publiques. Ces dispositifs doivent être conçus dans le but d’encourager l’échange intergénérationnel.
Les leviers
— L’enseignement
Les jeunes ont des idées et des idéaux, des talents que l’enseignement doit encourager en leur apportant des outils méthodologiques : Il faut leur apprendre à apprendre pour qu’ils puissent s’adapter à un futur changeant et incertain.
L’enseignement de matières fondamentales, telles la philosophie et l’histoire, complétées par un enseignement autour du fait religieux, doit être revalorisé, en s’insérant dans une exigence de laïcité respectueuse de la sensibilité de chacun.
Les structures d’enseignement doivent davantage prendre en compte la diversité des talents : l’orientation des jeunes tient une large place, mais il faut aussi adapter le rythme des apprentissages, tenir compte des aptitudes et des goûts de chacun, les encourager à se projeter vers les métiers de demain, multiplier les passerelles pour pouvoir changer d’orientation ou passer d’une formation qualifiante courte à des formations plus longues. Les programmes sont en décalage avec l’évolution de la société et des métiers. La formation des enseignants doit être revue afin que chacun d’entre eux puisse transmettre non seulement des savoirs, mais aussi des savoir-être.
Un accent particulier doit être mis sur l’apprentissage qui doit être réhabilité dans l’esprit des formateurs et des jeunes ; il faut le rendre plus personnalisé, plus cohérent avec le monde de l’entreprise. La formation professionnelle a besoin d’être améliorée par le renforcement du tutorat en entreprise ou par des partenariats entre formateurs professionnels et éducation nationale, par exemple.
L’autre se découvre aussi au travers des voyages et de I’interculturel. Les échanges avec l’étranger, aussi bien dans l’Union européenne que dans le reste du monde, sont à favoriser pour tous les jeunes. Un statut européen de l’apprenti assorti d’un réseau de tuteurs serait une réponse à l’exigence de mobilité.
— La famille
Le rôle éducatif des parents ne saurait être tenu par les enseignants, d’où leur nécessaire prise de conscience dans l’accompagnement de leurs enfants. Afin d’aider les familles à remplir ce rôle et encourager une solidarité constructive et sans jugement avec le monde éducatif, des écoles de parents pourraient être mises en place lorsque nécessaires (apprentissage de la langue française, éducation à la citoyenneté et aux valeurs républicaines dans le respect des cultures de chacun).
— La société civile
Considérer le jeune dans la globalité de ses préoccupations en instaurant un guichet unique afin de répondre à l’ensemble des demandes des jeunes (bourses, logement, démarches administratives, orientation, etc.).
Les rituels pour marquer l’appartenance des jeunes à la société dans son ensemble :
— un service civique modulable, obligatoire et rémunéré, avec un éventail de possibilités dans son contenu comme dans son organisation, mais obligatoire et rémunéré, contribuerait à une réelle initiation à la vie au sein de notre société. Conforté et soutenu par des tuteurs ; il pourrait servir de tremplin ou de moyen de relance pour les jeunes en situation difficile.
— des rituels citoyens tels la remise officielle des cartes d’électeurs, le parrainage républicain, cérémonie que les officiers d’état civil devraient être légalement tenus de réaliser, l’obtention officielle de la nationalité pour les jeunes issus de l’immigration… qui confortent leur position au sein de la société dans son ensemble
Les jeunes portent l’espoir du changement : à nous de ne pas les décevoir, à eux de dynamiser le chantier !