
(1748-1793)
« La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune » – Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne – Article 10.
Femme de lettres, auteur de théâtre engagé, abolitionniste, membre du « Club des amis des Noirs » au côté de l’Abbé Grégoire, elle mena de multiples combats pour les chômeurs, les mendiants et particulièrement pour les droits des femmes qu’elle voulait associer aux débats politiques et sociaux. Ses luttes contre toutes les injustices annonçaient celles de notre siècle. Rédactrice d’une soixantaine de pamphlets révolutionnaires sous forme de brochures, affiches et articles, elle est désormais célèbre par « La Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne » qu’elle rédigea en 1791. Calquée sur celle des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, cette déclaration affirme l’égalité des droits civils et politiques des deux sexes espérant que soient rendus à la femme les droits naturels que la force des préjugés lui avait retirés. Ce texte, qui lui conserve une étonnante actualité, est en bien des points, visionnaire.
Quelques extraits du postambule sont particulièrement significatifs :
« L’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux siennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne »
« Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir »
« Je remarque que dans les luttes, les femmes doivent toujours lutter deux fois plus que les hommes ; une fois avec les hommes pour le changement, et la 2° fois pour qu’elles ne soient pas en reste du changement »
Dans un style toujours direct et souvent percutant elle s’opposera à Marat qu’elle tenait pour responsable des atrocités des 2 et 3 septembre 1792 : « Le sang, même des coupables, versé avec cruauté et profusion souille éternellement les révolutions ». Elle n’épargnera pas, non plus, Robespierre : « Tu te dis l’unique auteur de la Révolution, tu n’en fus, tu n’en es, tu n’en seras éternellement que l’opprobre et l’exécration »….. « tu voudrais te frayer un chemin sur des monceaux de morts et monter par les échelons du meurtre et de l’assassinat au rang suprême ! Grossier et vil conspirateur. » Dénonçant la montée en puissance de la dictature montagnarde, elle fut déférée le 6 Août 1793 devant le Tribunal Révolutionnaire, condamnée et guillotinée le 3 Novembre 1793 : « Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort » furent ses derniers mots.
Sans nier l’incontestable émancipation des femmes, ici comme ailleurs le chemin vers l’égalité de fait est encore long. Que l’on choisisse la voie du cœur, la voie sociale, celle de la raison, ou la voie initiatique, le combat des femmes, dans le monde, demeure le combat de tous ceux qui veulent œuvrer au « Progrès de l’Humanité ».
Parmi les multiples ouvrages de référence citons « Marie Olympe de Gouges, une humaniste de la fin du 18° siècle » par Olivier Blanc aux Editions René Vienet. 2003.