
(1864-1936)
Comment un syndicaliste breton a donné son essor à la franc-maçonnerie mixte américaine
Assumant un rôle déterminant dans l’implantation du DROIT HUMAIN aux Etats-Unis, il est également un émigré actif dans les mouvements révolutionnaires de son temps.
Il a été anarchiste, syndicaliste, socialiste et mutualiste.
Il a été également journaliste, patron de presse novateur imaginant une presse francophone aux Etats-Unis.
Comme beaucoup, c’est la pauvreté de sa Bretagne natale qui a poussé le jeune Louis Goazioui à émigrer en 1880 aux Etats-Unis. Mineur de fond en Pensylvanie, il adhère à un syndicat proche des mouvements anarchistes et libertaires, l’International People’s Association et il est au premier rang des manifestations ; puis il croise la route de la Chevalerie du Travail, d’ Elie May, membre de la Loge Les Egalitaires créée avec des réfugiés de la Commune de Paris à New York. Il multiplie alors les actions militantes.ii
Lorsque le mouvement anarchiste décline, il adhère, dès sa fondation (1901), au Parti socialiste américain et y crée une cellule francophone. Fidèle au français, il lance de nombreux journaux francophones, dont l’Union des Travailleurs, « the only french Paper in Pensylvania ».
Louis Goaziou est initié le 13 octobre 1903, reçoit dans la foulée les 2e et 3e degrés et fonde immédiatement la Loge mixte 301 Alpha, à Charleroi (Pensylvanie), première loge mixte aux Etats-Unis, dont il est le premier Vénérable Maître.iii
Il développe la maçonnerie mixte aux Etats-Unis avec la même énergie militante qu’il a mise au service des mouvements révolutionnaires, jusqu’à entrer au Suprême Conseil (1911) dont il devient en 1933 Premier Lieutenant Grand Commandeur.
La fédération américaine, dont il est président en 1909, devient la première fédération en nombre de loges : après la Loge Alpha, 96 autres sont allumées entre 1903 et 1914. Beaucoup le sont dans des villes minières, dont certaines sont devenues aujourd’hui des Ghost towns du Far West. Il les visite assidument, parcourant l’Ouest de l’état de Washington à la frontière mexicaine, du Montana au Wyoming : on ne peut séparer son nom et son action de la fédération américaine, une fédération surprenante, ou se mêlent théosophes, syndicalistes et révolutionnaires.
iAndrée Prat, Louis Goaziou, in Bulletin de la Commission de l’histoire n° 9, février 2004
iiMichel Cordillot, La sociale en Amérique, éd. de l’Atelier, 2002
iiiMarc Grosjean, Le Droit humain international, Detrad, 2002
Crédit photo : la photo de Louis Goaziou est publiée avec l’aimable autorisation de la Charleroi Area Historical Society