La médecine du cerveau : à la croisée des chemins entre corps et pensée Quels enjeux éthiques ? Fiche courte – 7/12/2020

Les travaux scientifiques dans le domaine des neurosciences ont connu un essor impressionnant depuis la fin du XIXe siècle.

De nombreux acteurs sont impliqués dans la médecine du cerveau : neurochirurgie, neurologie, psychiatrie, thérapie cellulaire, génétique etc… La collaboration est internationale car les enjeux sont vertigineux devant l’afflux de maladies telles que Alzheimer, Parkinson, Charcot, autisme, dépression, psychoses.

Nous sommes encore loin d’appréhender le fonctionnement complet de notre cerveau.

Pourtant, l’engouement pour les neurosciences a suscité le développement de recherches dans des dimensions qui ne visent plus seulement l’amélioration de la santé mais bien le « contrôle » de la pensée et la «neuro-augmentation» chère au courant transhumaniste. Ces orientations technologiques concernent des domaines aussi différents que la modification des comportements, la stimulation de l’intelligence, le marketing (commercial et politique), la justice (psycho criminalité). Elles soulèvent des enjeux éthiques nouveaux en interrogeant tour à tour la notion de responsabilité, d’égalité, de liberté de l’individu et au-delà, ce qui constitue la personne.

Un certain nombre d’approches sont mises en place à travers le monde pour comprendre le fonctionnement du cerveau et pour diagnostiquer et traiter ses maladies.

Intéressons-nous plus particulièrement à certaines d’entre elles : la neuro-imagerie fonctionnelle, l’électrophysiologie ou électro encéphalogramme (EEG) et la neuro stimulation.

Outils de recherche pour le soin et leurs dérives

1. Imagerie morphologique et fonctionnelle du cerveau

Vers les années 1990, l’imagerie par Résonance Magnétique (IRM) va permettre de mesurer précisément les zones du cerveau impliquées dans telle ou telle fonction. On va ainsi déceler des lésions, des tumeurs, des accidents vasculaires. On va également pouvoir déterminer lors de la réalisation d’une tâche précise motrice ou intellectuelle quelle zone ou quel circuit cérébral est impliqué.

Si, en France, l’IRM est réservée dans le cadre du diagnostic des maladies neuro-évolutives, certains pays ne s’opposent pas à l’usage de ces techniques à des fins non médicales pour accéder aux pensées inconscientes ou secrètes (vérifier les résultats obtenus sous détecteur de mensonge, par exemple).

La loi française permet de recourir à l’image cérébrale dans le cadre d’expertises pénales pour reconnaître la présence d’une pathologie, mais la nouvelle loi de bioéthique de 2020 n’autorise pas le recours judiciaire à l’IRM en raison de son manque actuel de fiabilité.

Mais, l’utilisation de ces approches à des fins non médicales, pour tenter de lire, voire de modifier nos pensées intimes, questionne nos principes humanistes liés à la liberté individuelle, à l’intégrité et au respect des personnes. La volonté de transformer l’action, les affects et la pensée de l’homme est ancienne. L’hypnose, l’électrochoc et le développement des psychotropes en sont quels uns des instruments. La chirurgie, avec la lobotomie, fut largement utilisée également.

L’évolution des techniques permet d’agir directement sur l’activité du cerveau en modifiant son fonctionnement par l’implantation chirurgicale d’électrodes dans les cas de tremblements essentiels invalidants par exemple.

Mais, le rapport bénéfice/risque de ces techniques de neuro stimulation est inconnu. En voulant une neuro-amélioration pour normaliser l’individu en jouant sur la plasticité neuronale et l’alchimie synaptique, nous glissons vers la tentation du mouvement trans-humaniste de la neuro-augmentation.

2. À l’heure de la médecine prédictive

La médecine préventive qui prend soin du sujet bien portant peut détecter le risque d’une future maladie et donner lieu à des mesures préventives (mode de vie par exemple).

3. Les interfaces Cerveau Machine (ICM)

Les domaines d’application potentiels de l’enregistrement de l’activité cérébrale et de son utilisation par des machines/ordinateurs sont très larges et peuvent redonner de l’autonomie aux personnes handicapées, du mal entendant au tétraplégique.

4. L’intelligence dite « artificielle »

L’intelligence artificielle (IA) est très présente en neuro sciences où elle peut être vue comme un outil permettant le traitement de données complexes.

Mais, en l’absence de traitement curatif, l’éthique du soin commande de s’interroger sur la charge anxieuse générée par ce savoir anticipé et de son impact sur le devenir de la personne.

Mais, ces recherches représentent le plus grand espoir des trans-humanistes qui veulent « améliorer » l’humain en lui donnant des capacités supérieures, en le rendant immortel par exemple. Ainsi, des doutes importants existent pour des utilisations sur plusieurs décennies chez des personnes non malades.

La création d’une « Intelligence Artificielle Forte » à dessein humain, capable de penser alimente tous les phantasmes.

Conclusion

Face à ces vertigineuses applications possibles de la technologie sur notre cerveau, la réflexion éthique doit tenter de débusquer toutes les dérives de mécanisation de l’humain et de la manipulation de son humanité. Nous sommes confrontés à la tentation de la transgression et de la toute-puissance.

L’apport des neurosciences conduit à reposer certaines questions philosophiques sous un angle nouveau.

 Qu’en est-il désormais du libre arbitre ?  Qu’est-ce que la conscience ?
 Le cerveau est-il fiable ?
 Quel avenir pour l’être pensant ?

Ces questions interpellent les valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité.

Est posé le problème du respect de l’essence de l’individu, car sa personnalité, son autonomie et son libre arbitre peuvent être altérés par les neuro-technologies.

Est posé celui du risque de fracture sociale entre ceux qui pourront avoir accès à ces techniques et les autres.

Est posée la question du développement de la conscience sociale. Plus notre conscience d’être un être social se développe, plus notre conscience se développe et plus notre sociabilité est riche.

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