Marie BEQUET DE VIENNE ENTRE RÉSISTANCE ET ÉMANCIPATION
Marie BEQUET DE VIENNE, née en 1844 et non en 1854 comme inscrit par erreur sur sa tombe, est une figure historique du DROIT HUMAIN.
A 49 ans, elle fut une des premières femmes initiées par Maria DERAISMES elle-même, le 14 mars 1893. L’initiation s’est passée au domicile parisien de Marie BEQUET DE VIENNE en même temps que celle de 16 autres femmes, dont sa propre mère Anne De Vienne. Certaines de ces fondatrices laisseront un nom dans l’histoire du progrès social, comme Clémence ROYER et Marie POGNON ou encore Marie BONNEVIAL et Eliska VINCENT qui s’étaient illustrées lors de la commune de Paris.
A une époque où la femme était juridiquement mineure, résister et émanciper fut un combat et un devoir pour Marie BEQUET DE VIENNE.
Résister à la misogynie ambiante pour, sous le second empire, oser rejoindre un groupe d’hommes et de femmes afin d’accomplir pour la première fois, la construction d’une fraternité initiatique, dans la perspective de s’émanciper, avec les pionniers d’une mixité bien réelle.
Aider à émanciper par la suite, sous la troisième république, d’autres femmes militantes et progressistes, en tant que VM de la loge de Rouen qu’elle a créée ou bien à chaque fois que l’Ordre avait besoin d’elle.
Bien qu’issue de la haute bourgeoisie et mariée à un haut fonctionnaire, Marie BEQUET DE VIENNE fut très consciente de la détresse qui l’entourait, notamment celle des femmes et des enfants. Elle comprendra vite que le taux élevé de mortalité infantile était lié à des pratiques sociales irrationnelles (refus de l’allaitement maternel, port du corset, mises en nourrice).
Elle décide de résister en luttant contre la paupérisation de la classe ouvrière. En 1876, soutenue par Paul Strauss président de l’Assistance Publique et des sénateurs Paul Blond, Léon Richer et Victor Schoelcher, elle va fonder «la Société Nationale des Amis de l’Enfance» qui deviendra en juin 1880 la «Société pour la propagation de l’allaitement maternel et des refuges-ouvroirs pour femmes enceintes».
Cela permit l’émancipation des femmes accueillies dans ces ouvroirs, puisqu’elles pouvaient mener à bien leur grossesse, tout en ayant une activité rémunérée.
L’initiative de la création de plusieurs refuges à Paris et en Province sera d’ailleurs reprise à l’étranger. A ce jour, certaines de ces structures existent encore.
Résister, c’est ce que fit Marie BEQUET DE VIENNE en s’engageant politiquement dans le combat pour l’égalité des droits, en rejoignant des mouvements féministes laïques. En 1878, elle participe au premier Congrès féministe international, présidé par Maria DERAISMES. Jules FERRY, le Docteur ROUX et Émile LOUBET auront l’occasion de lui rendre hommage pour sa ténacité et son courage. Elle sera instigatrice de la loi du 17 juin 1913 sur l’assistance aux femmes en couches.
Émanciper, participer à la libération des femmes et à l’égalité de leurs droits, c’est encore ce qu’elle cherche à faire en écrivant dans la Revue Féministe dirigée par la sociologue Clotilde Brissard, dans le journal « La Fronde » de Marguerite Durand, ainsi qu’à la revue philanthropique.
Dans ses articles de la revue « la femme », cette féministe, très attachée à la valeur de la famille, défendra ses idées natalistes et de protection des femmes et des enfants, sans oublier le rôle des pères dans l’éducation.
Généreuse, active, intelligente, Marie BEQUET DE VIENNE revient inlassablement sur la situation des plus démunis et sur l’égalité des droits avec une sensibilité humaniste et républicaine.
Citoyenne exemplaire, mais hélas sans droits civiques, MARIE BEQUET DE VIENNE, fut remerciée pour l’ensemble de son œuvre, en mai 1913, quelques mois avant sa mort, par le Président de la République Raymond POINCARE, au nom des pouvoirs publics.
Elle laisse le souvenir d’un franc-maçon engagé, d’une femme exigeante mais bienveillante, dont l’Ordre Maçonnique Mixte et International LE DROIT HUMAIN peut s’enorgueillir.
Qu’elle repose en paix!