
(1804-1876)
George Sand, visionnaire de la franc-maçonnerie mixte.
La romancière George Sand a, au cours de sa vie, croisé la franc-maçonnerie, et, pendant un temps, s’en est, on peut dire, entichée. Bien sûr elle ne pouvait, alors, être initiée. Mais elle a beaucoup lu, beaucoup parlé aussi avec des maçons, dont son ami Pierre Leroux.
Précurseur visionnaire, elle a imaginé un ordre maçonnique mixte… et international !
Celui-ci apparaît dans le 3e volume de son roman Consuelo : La comtesse de Rudolstadt (1844).
L’héroïne, la cantatrice Consuelo, épouse du comte Albert de Rudolstadt, est contactée par une société secrète de type maçonnique, Les Invisibles, dont le Grand Maître (le nom n’est pas donné par Georges Sand) est une Polonaise, Wanda, Consuelo étant elle-même italienne et son mari d’Europe centrale. Enquêtée par Wanda masquée, puis initiée après des épreuves plus réalistes que symboliques, Consuelo est admise dans l’ordre.
Elle y retrouve le Chevalier d’Eon, le comte de Saint-Germain, mais aussi d’autres initiés des Lumières : le libraire de Berlin Nicolaï, membre de l’ordre des Illuminés ou le musicien Schubart, membre, lui, de la Stricte Observance Templière et bien d’autres personnages réels de l’Europe des Lumières.
Le récit de l’initiation de Consuelo peut paraître un brin fantaisiste, les développements de George sur l’ordre des Invisibles un brin échevelés, le tout étant enveloppé dans des décors, des costumes et des rites où tout se mélange un peu, il n’empêche : l’ordre des Invisibles est mixte, international, il travaille pour le progrès de l’humanité et le temple où Consuelo est admise porte, sur son fronton, la devise Liberté, Egalité, Fraternité.
George Sand, qui a toujours plaidé pour la liberté des femmes (elle a été un excellent exemple de femme libre) ne pouvait que rêver d’une maçonnerie mixte. La fiction accomplit ce que ne peut le réel : laboratoire d’idées républicaines, volonté d’émancipation de la femme, au gré de rencontres porteuses des idéaux de l’auteur.