Samedi 25 avril 2015
Une délégation du Conseil National conduite par son Président Michel Meley s’est rendue au Camp des Milles ( proche d’Aix en Provence ) avec de nombreux Frères et Sœurs du Droit Humain de France .
Au cours de la conférence débat qui suivit la visite de ce lieu mémoriel, camp d’internement puis de déportation en zone non occupée, Michel Meley s’est exprimé au nom de tous les membres du Droit Humain réunis pour attester de leur vigilance.
«Vel d’Hiv du Sud, Vel d’Hiv sans occupation allemande»,le Camp des Milles tend un miroir à toute la France, à toute l’humanité.
L’engrenage des intolérances, xénophobie, racisme, fanatismes religieux et politique, les crispations identitaires, les peurs irrationnelles creusent des fossés qui menacent notre vivre, notre être ensemble. Les injustices sociales, l’exclusion créent des proies faciles pour idéologies mortifères.
Nous sommes ici pour combattre l’oubli, car la mémoire s’effiloche et se manipule aboutissant au négationnisme.
Nous sommes ici pour combattre l’oubli car la liste est déjà bien trop longue des massacres, des génocides au nom de la sécurité, au nom de la pureté d’un corps social.
Les temps des «suspects», des «supposés ennemis», des «indésirables», des «autres en trop» ne sont pas à jamais révolus. Si nous n’y prenons pas garde, TOUS….je dis bien TOUS, nous sommes exposés à devenir des soi-disant «indésirables», car seuls changent ceux que l’on qualifie ainsi et qui sont désignés comme boucs émissaires par des hommes ordinaires.
« Quelques-uns l’ont voulu, d’autres l’ont fait, tous ont laissé faire » disait déjà Tacite. Il faut donc savoir, apprendre du passé, comprendre et agir, car ne rien faire c’est précisément laisser faire.
En ce lieu où l’on est mis en face du pire comme du plus admirable, en face de la souffrance, mais aussi du courage, nous voulons rendre l’hommage qui leur est dû, aux victimes de la barbarie, comme à ceux qui ont voulu et qui ont su résister, délivrant un grand message en l’Humanité qui agit.
Au-delà de cet appel au devoir de mémoire, cette réflexion sur l’humanité interroge notre avenir. Notre projet de société doit s’appuyer sur la fraternité, une fraternité au-delà du cercle douillet de nos proches, au-delà des ethnies, des croyances, des religions, des groupes sociaux, en un mot, au-delà de toutes les différences, des idées reçues et des préjugés.
Cette fraternité n’a rien d’innée, il faut l’apprendre, la transmettre à nos enfants dès le plus jeune âge, dans la famille, comme à l’école, bien convaincus que la diversité est une richesse.
Il n’est pas nécessaire d’être semblables pour œuvrer ensemble au progrès de l’humanité , sachant que la violence ne s’exerce qu’en l’absence de lien identificatoire, de lien interpersonnel.
Voir en l’autre, en tout autre, un autre soi-même et le traiter comme tel.
Dès lors, comme le disait Alain Chouraqui, nous ne devons pas quitter ce lieu de mémoire « écrasés par la tragédie, mais avant tout conscients que, éclairé par l’expérience du pire, chacun peut réagir a temps, chacun peut résister , chacun a sa manière, en tant que personne, en tant que citoyen »