NON, Monsieur le Président, votre place n’est pas à la conférence des évêques de France, pas plus qu’elle ne l’était le 7 mars au dîner du CRIF, ou devant la Fédération protestante de France en septembre, ou à la rupture du jeûne au CCMF en juin.
La réception des communautés religieuses à l’Élysée entre bien dans vos fonctions de chef d’État : elles représentent des citoyens. Vous rendre dans leurs locaux vous place en situation de sujétion et cela n’est pas tolérable, eu égard à notre corpus législatif actuel, et notamment à la loi du 9 décembre 1905, dite de « séparation des Églises et de l’État ».
Cette loi a été conçue avec plusieurs objectifs :
– Écarter les clergés es-qualité de l’action politique, afin que la République des Citoyens, dans toute sa diversité, exerce le pouvoir à travers ses représentants élus.
– Rétablir une paix civile entre croyants divers, non croyants ou agnostiques.
– Garantir la liberté de conscience et de libre exercice des cultes. (Art.1)
– Affirmer que « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » (Art.2).
Il n’y a pas de « lien abimé » entre L’Église et l’État, les catholiques sont des citoyens comme les autres et traités à égalité avec tous. Mais ce qui est inadmissible, Monsieur le Président, c’est que la hiérarchie catholique veuille imposer ses conceptions morales, sociales et politiques à l’ensemble de la nation.
Lorsque la loi du 17 mai 2013 « ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe » fut votée par le Parlement, validée par le Conseil constitutionnel et promulguée, le Président de la conférence épiscopale s’est permis d’affirmer que « cette loi, même légale, serait toujours illégitime ». C’était un véritable appel à la sédition, qui s’est traduit par de graves troubles à l’ordre public avec la « manif pour tous ». Qui, alors, a abimé les liens entre L’Église et L’État ?
Dans l’actualité, on constate bien l’influence organisée et protéiforme des tenants d’une partie intégriste de L’Église dans les états généraux de la bioéthique. Pourquoi s’opposer à des processus législatifs sociétaux qui créent des droits pour ceux qui les souhaitent et n’en retranchent aucun à ceux qui y sont opposés ?
Quand recevrez-vous les penseurs libres Monsieur le Président ? Ils sont aussi des citoyens, nombreux, et ne sont inféodés à aucune communauté dictant comment il faut penser.
Ne touchez pas à la laïcité, Monsieur le Président, c’est un concept de liberté, essentiel à la paix civile.
FÉDÉRATION FRANÇAISE DE L’ORDRE MAÇONNIQUE MIXTE INTERNATIONAL LE DROIT HUMAIN